Mission de rang C: Braconnage

Il faisait nuit et froid. Le vent soufflait dans les oreilles comme à l’accoutumée dans Sunagakure lorsque la nuit de son voile sombre, enveloppait le village. Adossé contre un mur, de profil, le espionnant quatre hommes quelque part dans les ruelles venteuses de Suna, Zennosuke s’attelait à mener à bien sa cinquième mission de rang C. Le répit n’existait pas pour les ninjas, enfin que très peu. Et s’il n’était pas en train de s’entrainer, Zennosuke avait fort à faire avec toutes les missions qu’on lui confiait. Ce coup ci, il avait affaire à des braconniers. Des gens sans vergogne qui osait avoir pour théâtre de leurs opérations le village ninja lui-même !

Un mouvement, des bruits de pas. Un homme massif, un des braconniers, se déplaçait en direction de Zennosuke. Avait-il su par un quelconque moyen que sa bande était pistée ? C’était très improbable. Le genin de Suna avait tout fait pour ne pas être entendu. Et voilà déjà deux heures qu’il les suivait, en attendant d’avoir confirmation nette que c’était bel et bien eux les braconniers qu’il devait arrêter. L’homme s’approchait de plus en plus. Son pas, au début léger et peu assuré, était maintenant rapide, lourd et déterminé. Il courrait ! Le genin n’eut que quelques secondes pour escalader le mur contre lequel il s’était appuyé de manière à ne pas être vu. L’homme massif déboula comme un bœuf dans la ruelle et regarda à gauche et à droite. Puis, il avança encore un peu. Il était hors de vue de ses acolytes. Dans la tête de Zennosuke, une idée germa. Spontanément, le genin de Suna l’appliqua. (…)

Moins d’une minute plus tard, le gros lourdaud gisait à terre assommé et bâillonné. Les cours à l’académie sur les points vitaux servaient au moins à quelque chose et Zennosuke, lui ne se faisait pas prier pour les appliquer. Il avait hésité à un moment à tuer ce pauvre quidam, mais il s’était retenu. Il n’était pas encore sûr à 100% qu’il avait vraiment affaire aux braconniers. Vu qu’il ne voulait pas entacher son dossier ninja, il fallait assurer pour chaque mission. Et d’ailleurs, depuis la dernière qu’il avait faîte en compagnie d’une jeune soigneuse de Suna, il se devait de contrôler ses envies de meurtre. Ces pulsions là devenaient un peu trop difficiles à maîtriser.

*C’est ta chance veinard !* pensa le shinobi de Suna tandis qu’il effectuait un henge.

Vous l’aurez compris. C’est changé en l’apparence de l’inconnu qu’il venait de liquider, que Zennosuke s’avança vers les soupçonnés braqueurs.

« Tu as vu quelqu’un ? C’était quoi ce bruit ? » dit l’un d’entre eux avec un regard interrogateur à l’adresse de Zennosuke.

Celui-ci, ne voulant pas trahir sa couverture servit le minimum syndical.
« Rien ! » répondit-il d’une voix mauvaise. La voix justement était un élément important pour ceux qui s’amusaient à effectuer un henge. C’était une des choses qui pouvaient permettre de trahir un shinobi infiltré.

« Tu es sûr ? Tu m’as l’air pas bien là ! Ne fais pas capoter le truc comme la dernière fois abruti ! » Rétorqua l’autre avec la même lueur dans les yeux. A cela, Zennosuke se contenta d’un regard froid, le visage renfrogné. Il fallait maintenant qu’il en sache plus sur le groupe au plus vite avant que sa couverture ne soit grillée. Il ne savait ni où ils devaient aller, ni quel était son rôle et son statut au sein de ce gang…

Les quatre hommes avancèrent au signal d’un d’entre eux. Un homme mince, grand de taille avec un nez fin et pointu comme celui d’une femme. Ils marchèrent pendant quelques minutes en direction de la réserve du village. Une fois arrivés sur place, l’un d’entre eux s’accroupit aux côtés des grilles qui servaient d’enceinte en ce lieu et commença à les tailler pour se créer une ouverture. Un des gars sortit un objet bizarre tel une cage tandis que le dernier, muni d’un arc semblait faire le guet. A un moment celui qui tenait la cage se tourna vers Zennosuke et le regarda d’un air intrigué avant de lui dire :

« Qu’est ce que tu fous là ? Va voir de l’autre côté si personne ne vient ! Tu es payé pour quoi abruti ? »

Zennosuke, retenant son envie soudaine de lui foutre son poing dans la gueule, se dirigea vers le coin opposé à celui de l’autre guetteur. Au bout de cinq minutes, un petit signal leur fut donné et tous les quatre se retrouvèrent dans le jardin. Ils marchèrent en silence et sans faire de bruits tels des malfrats pendant quelques minutes. Le grand maigre, celui qui portait l’objet bizarre en forme de cage ouvrait la voie. De temps à autre, il prenait des repères, parfois échangeait quelques mots avec le guetteur avant de continuer. A un moment, ils s’arrêtèrent brusquement sur le signal de celui-ci. D’après les signes qu’il faisait, il allait s’approcher seul d’un grand arbre devant le groupe à quelques 15 mètres. Il tendit frénétiquement plusieurs fois le bras en direction d’un truc rond qui semblait être un nid. Puis, silencieusement, il s’avança tandis que les autres restés derrière l’observaient. Le guetteur tendit son arc en direction du nid et attendit.

Il n’en fallait pas plus pour réagir. Toutes les preuves étaient bel et bien là. Il avait passé deux jours à chercher les traces et le signalement des braconniers. Il avait eu deux heures à les retrouver et à les pister. Il n’y avait plus à attendre. Comme pour briser le silence de cérémonie installé au sein du groupe, il tapota l’épaule de celui qui s’était attelé à déchirer les grilles et lui dit :

« Attends pourquoi il s’attaque aux œufs ? Moi je ne touche pas aux œufs ! Ma mère m’a dit que ce n’était pas bien de faire ça ! »

La situation était cocasse. Sur le coup le grand maigre s’arrêta. Un oiseau s’envola du nid. Celui qui tenait l’arc lui décocha deux flèches en vain. Dans le noir, à moins d’être un tireur d’élite, il ne pouvait rien faire. Le déchireur de grillage se mit automatiquement à insulter Zennosuke.

« Espèce de con ! On aurait eu l’oiseau et les œufs ! Je… »

Zennosuke ne lui donna pas le temps de terminer sa phrase. Il lui envoya un coup de poing dans le plexus ce qui eut pour effet de lui couper le souffle et de le faire s’affaler immédiatement. Puis sans tarder il enchaîna coups de pieds- coups de poings sur l’homme à l’arc histoire de lui régler son compte vite fait. Durant le feu de l’action, il avait reprit sa forme normale. Et, malgré le fait qu’il eut mis hors combat les deux hommes en moins de quinze secondes, le grand maigre avait trouvé le moyen de s’échapper à travers les herbes.

*Inutile* pensa le genin. Il suffisait de faire silence et d’écouter. La proie, dans sa fuite allait émettre les sons qui allaient être à l’origine de sa capture prochaine. En effet, il entendait l’homme en question courir sur sa droite. Les plantes avoisinantes trahissaient son passage… La poursuite ne dura pas bien longtemps. Trois shurikens plantés dans le dos mirent fin à son escapade. Et c’est avec tous ces instruments métalliques qu’il dut subir un interrogatoire de la part du genin de Suna. Une fois que ce dernier eut la certitude qu’il avait bien neutralisé les bonnes personnes, il créa des bunshin et leur intima l’ordre d’attacher et de mener les braconniers à la tour des jounins. Lui allait faire son rapport de mission.

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