L'arrivée d'un étrange civil...

Un flot de discutions de commères, des colporteurs s’égosillant pour écouler leur camelote sans intérêt et des gamins qui vous bousculent en gueulant comme des dégénérés. Les jours de marché à Konoha étaient de loin ceux qu’horripilaient le plus Yoruko... si on faisait abstraction des cas exceptionnels où elle devait faire la queue devant le bureau d’administration local. À chaque fin de semaine, c’était la même rengaine, ses parents lui demandaient gentiment d’aller s’occuper des commissions, et elle qui avait un profond respect pour eux ne parvenait pas à refuser. C’était à la base un prétexte qu’ils avaient trouvé pour obliger leur fille à sortir voir du monde, à l’époque où elle était encore introvertie et timide. Et ça c’était perpétué bien après que l’enfant ait commencé à affirmer sa personnalité. Bilan de tout cela : L’instauration d’une profonde antipathie pour les places commerciales dans le coeur la jeune fille, et plus globalement en toute zone publique où l’on respirait ce même air empli de sottise et de concupiscence vénale.

Yoruko était d’autant plus irritée aujourd’hui que le Soleil tapait fort et que transporter cette multitude de sachets en carton sous cet astre virulent développait chez elle une profonde frustration, pourquoi diable faisait-il si chaud ?! Heureusement, son calvaire touchait à sa fin, il ne lui restait qu’à acheter deux bouteilles de ce curieux jus de tomate qu’appréciait autant son père. Une boisson au goût aigre que Yoruko répugnait. Le type qui vendaient cette boisson avait pour habitude d’installer son étal au bout de la rue principale du village, soit à quelques pas du portail. Elle arpentait donc cette dernière d’un pas pressé, croquant avec vigueur une pomme jaune qu’elle avait acheté en supplément de ses commissions pour son propre compte. Car oui, Ô miracle, Yoruko aimait quelque chose dans la vie : Les fruits ! Un peu de fraîcheur et un goût sucré, un peu de réconfort au milieu de sa corvée rébarbative. Arrivée au petit stand pour le moins... peu fréquenté -ce qui est en fait ne déplaisait pas à notre protagoniste-, bien qu’irritée par sa traversée, elle tâcha de s’adresser poliment au commerçant avec un petit sourire forcé.

- Bonjour monsieur, vous pourriez me fournir deux bouteilles de jus de tomate s’il vous plaît ?

Pas de réponse, le type en question, un sénior à la calvitie prononcée et au bouc blanc finement taillé, semblait absorbé par sa lecture, un livre de poche à la couverture rouge qui n’évoquait rien à la chuunin.

- S’il vous plaît... ?

Pas de réponse, le vieux avait toujours ce sourire niais, comme plongé dans un état de rêverie bienheureuse. Perdant patience Yoruko plaqua son coude sur la surface boisée de l’étal en dardant un regard assassin au vendeur.

- MONSIEUR !!!

Il ne sursauta même pas devant sa montée de ton, il était visiblement un peu dur de la feuille. Quoi qu’il en soit, après une nouvelle requête un peu moins formelle, elle était enfin en possession des bouteilles tant requises. Toutefois, la journée réservait encore une surprise inattendue pour Yoruko. Elle ne fut pas la seule à hausser la voix, la garde affiliée à la surveillance du portail principal venait d’interpeller un inconnu, un roux vêtu de loques dont le visage semblait exprimer une profonde fatigue... aussi bien physique que psychique. Yoruko allait s’avancer pour mieux contempler la situation, mais elle fut devancée par un adolescent aux cheveux de jais. Elle avait pris l’habitude d’écouter les gens discuter de loin, son confrère konohajin se présenta sous le nom de Ben Uchiwa, l’un des rares survivants de ce clan en déclin. À voir comment il s’approchait d’un parfait inconnu sans la moindre précaution, ça n’étonnait pas Yoruko que toute sa lignée soit désormais presque éteinte. Elle s’avança à son tour, gardant une dizaine de pas entre elle et l’étranger, et s’adressa aux gardes sur un ton quelque peu railleur.

- Pas besoin de vous énerver, vous voyez bien que ce type est à l’agonie. Les morts ont le droit au repos, alors ménageons ceux qui sont proches du trépas.

Elle esquissa un sourire sarcastique et reporta son attention sur l’Uchiwa et l’inconnu, c’est à ce dernier qu’elle s’adressa en premier.

- Inutile d’être aussi tendu. Nous sommes des ninjas très mondains à Konoha. Tant que nous n’aurons pas une bonne raison de t’attaquer, nous le ferons pas.

Profitant de l’ombre du portail, Yoruko pu sans mal confondre son ombre avec celle de Juugo l’espace d’un très bref instant. Non pas pour en prendre le contrôle mais pour calmer un peu sa tension en la partageant avec elle-même, un acte qui lui donna l’impression de recevoir un coup de masse en plein coeur. Ce n’était pourtant la moitié de la pression que ressentait actuellement ce type, mais qu’est ce qui se passait dans sa tête ?! Yoruko, beaucoup moins détendue suite à ce partage, essuya la goutte de sueur qui coula sur sa nuque et tira deux pommes de ses sachets, une qu’elle mordit à pleine dents, et l’autre qu’elle envoya à Juugo en lui faisant signe de la suivre.

- Mange ça, je tiens pas à devoir te porter parce que t'auras fait une crise d’anémie. Ca te fera tenir jusqu’au vendeur de nouilles du quartier. Viens aussi, Uchiwa.

Elle fit un signe de tête aux gardes pour leur faire comprendre qu’elle prenait la responsabilité de ce visiteur inattendu, ils échangèrent un regard puis finirent par acquiescer, mais adressèrent encore des regards méfiants à l’étranger. La chuunin comprenait bien leurs soupçons, mais elle était la mieux placer pour s’occuper de son cas, en cas de souci elle pouvait le neutraliser rapidement, tel était l’intérêt de son pouvoir héréditaire, autant le mettre à profit.

- Dépêchez vous, j’ai des courses à ramener chez moi après.

L’adolescente fit alors volte face et commença à suivre tranquillement la rue en sens inverse, vérifiant que les deux autres lui emboîtaient par des regards par dessus son épaule.

Comment expliquer tout ce qui me passe par la tête ? Je ne peux malheureusement pas trouver les bons mots pour vous le dire. Mais je peux au moins vous décrire ce qui se passe présentement, eh oui, je subis un interrogatoire. Ces questions qu’on me posait me heurtaient comme un coup de poing en pleine figure, je ne savais plus où donner de la tête ? Et dire que la seconde d’avant, je m’apprêtais à être sauvé de cet enfer qu’avait été le monde extérieur, maintenant, je me retrouvais face à un enfer aussi terrifiant que j’avais vécu. Je sentais des frissons parcourir mon dos, alors qu’on me hurlait dessus à pleins poumons. L’atmosphère était loin d’être chaleureuse, je me sentais comme dans la prison du nord du pays du riz, je ne pouvais pas me reposer ni même cligner des yeux une seconde avant d’être attaqué. Je sentais la marque se répandre le long de mon corps, j’avais des frissons dans le dos rien qu’à l’idée de ce que je pouvais faire. Les gardes se regardèrent, étonnés de ce qui se passait, pendant qu’un gamin approchait rapidement vers moi, faisant signe aux gardes de partir.

« Euh, bonjour, je suis Uchiwa Ben, je peux vous aider ? »

Sa voix était douce et assez insécure, il avait raison. En entendant le mot "Uchiwa’’, j’ai failli activer le second stade du sceaux. Ces vermines du clan pathétique avaient tués Kimimaro avec leur abus de pouvoir ! J’étais moi-même présentement, mais j’avais ces mêmes intentions que ma double personnalité. Mon regard glacial se posa droit dans les yeux de mon interlocuteur, à ce moment là les images des moments que j’avais passés avec le Kaguya tournoyaient dans ma tête tel un ouragan ravageant tout sur son passage. Heureusement pour le petit Uchiwa, une voix derrière moi interrompit ce qui allait s’emparer de moi. Celle-ci se rangea doucement à l’intérieur de moi-même, sa voix seule semblait apaiser ma colère.

-Inutile d’être aussi tendu. Nous sommes des ninjas très mondains à Konoha. Tant que nous n’aurons pas une bonne raison de t’attaquer, nous ne le ferons pas.

-Uchiwa Sasuke…

Soudainement, un sentiment de perte de contrôle s'empreint de moi mais ne dura que quelques secondes, pas plus. La jeune fille qui était à présent devant moi semblait troublée, comme si venait de subir les effets d’un genjutsu troublant. Pendant quelques secondes, j'avais eu peur que le sceaux me contrôle et massacre ces deux individus qui semblaient assez gentils et compréhensifs.

[À finir]