Siam se tenait droit, debout. Devant lui, il apercevait clairement la cible, ou du moins cet espèce d'épouvantail en bois, usé par les essais, ratés ou réussis, de techniques ancestrales, ou de rang E.
Le regard vide peint certainement à l'aide de gouache des plus simples l'épiait à travers la forme baraquée qui formait la silhouette de ce matériel d'essai. Le Chuunin ferma les yeux. Il se plongea dans ses souvenirs, grimaçant avec la mélancolie d'un jeune ninja qui avait quitté son village natal, et qui était si heureux à présent...
~FLASHBACK~
Le temps est matinal, à Kiri-no-Kuni. Donc gris, et pluvieux. En fait, il n'y a que deux possibilités de météo au Pays de l'Eau : Brumeux, ou pluvieux. Or, il se trouve que la masse grise de pluie est déjà passée, et a persisté à résister contre la basse température durant deux heures. Actuellement, il est peut-être onze heures : mais Siam n'en avait pas la moindre idée, ni la moindre envie de le savoir.
Adossé à une palissade de planches de bois sombres, humide et moisie par les temps durs de ce pays, il observait. Avec honte, jalousie, plaisir, haine, et curiosité. En fait, dans le Parlement de son cerveau, la Honte se cachait difficilement. Oui, elle était énorme, et avait du mal à cacher son obésité. À côté, la Jalousie observait de ses yeux froids la scène, discrète, mais largement présente. Si la Curiosité essayait d'en placer une, en revanche, c'était la Haine qui l'arrêtait instantanément, à coups de poings. Elle était baraquée, décidée à régner, par la Terreur qui riait avec sadisme dans un coin, ou par la Sagesse, qui était en fait déjà étalée, plongée dans l'Inconscience ( laquelle était en retard ) à côté de la Compassion.
Tout ça pour dire que Siam exprimait clairement sa haine. Envoyant un coup de poing rageur dans la palissade qui frémit la première fois, il n'eut qu'une envie : en remettre un deuxième. Puis le deuxième lui rappela le proverbe tentateur, qui fit décider le petit garçon d'une dizaine d'années à cette époque, à ne plus jamais en mettre deux sans trois. Mais au troisième, la palissade fit un drôle de bruit de craquement avant de laisser une place adaptée au petit poing qu'il venait de révéler. Conscient qu'il venait de dégrader un monument publique de Kiri, et que les peines n'étaient pas toujours agréables à subir, il s'affola d'abord, puis regarda par le petit trou qui lui offrit une bonne vue sur une sorte de terrain vague.
L'élève à l'Académie ninja fronça d'abord ses petits sourcils, puis regarda mieux. Puis il réprima un petit cri de surprise.
Son petit frère Takeo était en sueur, en position de combat. En face de lui, à une dizaine de mètres, un examinateur. Oui, Siam crut reconnaître un de ces examinateurs, qui faisaient passer les test Chuunins. Il ne les connaissait pas très bien, mais ne doutait pas un instant de la redoutable puissance des Juunins de Kiri-no-Kuni.
"
Allez ! le sollicitait le ninja de Niveau Supérieur.
Du nerf !"
Le jeune Takeo poussa un petit cri sous l'effort, et fit mine de lancer quelque chose. Ou du moins, donna l'impression d'un tel geste. Il s'étala au sol, emporté dans son élan et dans son mouvement.
"
Non ! le réprimanda l'examinateur.
Plus fluide, le geste ! Tu lances une partie de ton corps, Taki ! Pas une pierre !"
Siam fronça les sourcils à nouveau. Alors qu'i y a deux petites secondes il s'apprêtait à intervenir pour protéger son petit frère - même s'il n'aurait jamais pu faire grande chose -, il s'arrêta dans son cheminement d'idées. Quoi ? L'homme l'avait appelé... Taki ? Mais c'était leur Père qui le nommait ainsi ! Comment se permettait-il...? Et puis, ce ninja avait l'air de... de l'entraîner, en fait. Comment était-ce possible ?
Si Siam, à cette époque là, n'avait aucun don révélé, et était méprisé de tous. Alors que Takeo était en fait tout le contraire de lui : il était doué, et de plus, plaisait aux filles ( même si à son âge, ça n'avait pas vraiment d'incidences^^). Mais seulement, en cet instant, son petit frère semblait en réelle difficulté. Alors que jusque là, il apprenait sans cesse des nouveaux jutsus pour mieux le vaincre.
En fait, Takeo et son frère Siam faisaient en ce temps là sans cesse des duels pour se mesurer. Au début, Siam avait l'avantage de connaître la technique de substitution, et pratiquement celle de clonage. Mais très vite son jeune frère avait rattrapé son niveau, et vainquait à chaque fois. De quoi dégoûter Naruto.
L'examinateur agit. Il tourna sur lui-même avec agilité, révélant la totalité de sa tenue de Juunin de Kiri. Aux trois quarts de son tour, il annonça clairement : "Suiben ! Le fouet aqueux !"
Son mouvement de rotation axiale se termina sur un geste de son bras, qu'il lança en direction de Takeo. Il en jaillit un mince filet d'eau qui fusa vers le petit frère de Siam. Il semblait tout de même assez solide, et ne se brisa pas lorsqu'il s'enroula autour de la cheville maigrelette du petit enfant. Celui-ci perdit l'équilibre, et s'étala pour la deuxième fois au sol, mordant la poussière, ou plutôt la léchant, si on tenait compte de la position géographique de sa langue par rapport à celle de ses dents.
Le filet d'eau fondit soudainement, libérant Takeo. Il se releva avec peine, pesant sur chacun de ses bras. Sans se laisser perturber par la démonstration de puissance plus qu'un exemple de son professeur, il soupesa longuement sa petite main, puis dans un petit mouvement gracieux, la retira dans son dos, puis la pointa, paume devant lui, vers le ninja qui l'observait avec attention.
L'eau jaillit en un long trait moins agréable à la vue que le premier que Siam avait vu, plus massif et concentré. La cible de la technique n'eut même pas à esquisser un mouvement d'esquive ; le filet d'eau s'arrêta à environ un mètre de lui.
"
Tu dois comprendre, Taki, qu'il y a une taille limite, expliqua-t-il.
Il faut le faire plus mince si tu veux qu'il m'atteigne."
Le filet aqueux traînait mollement par terre, refusant d'atteindre sa cible. Le ninja qui enseignait la technique au petit Takeo lui ordonna de le laisser liquéfier pour en tenter un second, mais ne put se préparer à l'attaque qui surgit dans son dos. Le fouet lui enserra le cou, tirant ses deux bras et liant ses poignets contre sa colonne vertébrale.
"
Vous ne connaissiez pas la technique du Mizu Bunshin, senseï ?" railla Takeo en l'humiliant dans cette position, il faut dire...humiliante.
FIN DU FLASHBACK
Siam se tenait droit, debout. Devant lui, il apercevait clairement la cible, ou du moins cet espèce d'épouvantail en bois, usé par les essais, ratés ou réussis, de techniques ancestrales, ou de rang E.
Le regard vide peint certainement à l'aide de gouache des plus simples l'épiait à travers la forme baraquée qui formait la silhouette de ce matériel d'essai. Le Chuunin ferma les yeux. Il se plongea dans ses souvenirs, grimaçant avec la mélancolie d'un jeune ninja qui avait quitté son village natal, et qui était si heureux à présent...
Il leva son bras dans un geste fluide, et abattit doucement et calmement sa main dans la direction de la petite cible de bois dur. Le filet jaillit en enserra sa nuque, immobilisant, voire même peut-être dangereux pour une personne vivante dans cette position, victime de cette technique Suiton.